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Maaaartin Duclos
1 février 2017

Le capitalisme est mort

A tous ceux qui proclament que le capitalisme est condamné soit par la dégradation de la planète, soit par l’irruption du numérique, cet “or noir du 21ème siècle, soit les deux à la fois, on conseille vivement la lecture de l’ouvrage monumental (890 p.) de l’économiste américain Hal Varian, professeur à l’Université de Californie, que les éditions De Boeck ont eu l’excellente idée de traduire en français[2] sous le titre ‘Introduction à la micro-économie’ A vrai dire le premier mérite de l’ouvrage est de faire découvrir aux lecteurs français les trésors d’une discipline assez peu connue en France. Notre pays reste marqué par le keynésianisme et la macro-économie. Et pas seulement dans les sphères “dirigeantes”. L’enseignement économique dans le secondaire en est encore pétri. Et l’on a même entendu il y a quelques mois la proposition hallucinante de supprimer le mécanisme des prix du programme du bac en économie, jugé trop lourd, au profit des phénomènes “sociaux” ou, mieux, “socio-culturels ou “sociétaux”. Faut-il rappeler que la formation d’un prix, quel qu’il soit, est au cœur de la science économique, et c’est bien ce que montre à longueur de pages, d’une manière à la fois rigoureuse et élégante, l’ouvrage de Hal Varian. Certes, il y a beaucoup d’algèbre dans ses démonstrations, et même un peu trop à notre goût. Mais l’auteur a pris le soin de joindre à son ouvrage une annexe mathématique qui permettra aux “bonnets d’âne” dans cette matière de combler leurs retards. Varian n’aura certes pas le même succès médiatique que, par exemple, Jeremy Rifkin, dont le dernier ouvrage, La nouvelle société du coût marginal zéro[3], fait un tabac. Plus récemment, l’ouvrage de l’essayiste Paul Masson, Postcapitalism, A Guide to our Future (non traduit en français) a été salué par la presse anglo-saxonne comme une sorte de nouveau Capital de Marx. Et l’on pourrait citer beaucoup d’autres ouvrages allant aujourd’hui dans le même sens. L’idée qui est à la base de ces prophéties plus ou moins apocalyptiques est que le coût de la dernière unité produite (le “coût marginal”) tend vers zéro à cause des économies d’échelles gigantesques permises par les nouvelles technologiques, lesquelles permettent des rendements indéfiniment croissants. Et que cette tendance est capable de détruire les bases de l’économie de marché. Il se trouve que cette idée est loin d’être nouvelle. On se permettra de rappeler ici que l’auteur de ces lignes a consacré sa thèse de doctorat, précisément, à L’Économie des rendements croissants, il y a un demi-siècle ! Le propos est le suivant : lorsqu’un coût marginal est décroissant, cela signifie, mathématiquement, en tout temps et en tout lieu, que ce coût marginal est inférieur au coût moyen. Or l’optimum économique, selon la théorie classique, exige que le prix du marché soit égal au coût marginal. Dans ce cas, donc, le prix correspondant à l’optimum est inférieur au prix du marché, l’entreprise est condamnée au déficit, et il faut la nationaliser ou la communautariser si l’on considère que ce qu’elle produit est essentiel. On peut trouver de tels exemples de “monopole naturel”, comme on les appelle, dans les transports, l’énergie, la téléphonie, et, aujourd’hui, dans le numérique. Soit dit en passant, à aucun moment ni Rifkin ni Masson ne font voir qu’ils ont compris quelque chose à la problématique économique des coûts décroissants ou des rendements croissants, pourtant très classique. Il en va de même pour les problèmes de pollution ou d’effets de réseaux. Ces problèmes de”défaillances du marché”, comme on les appelle, sont connus de longue date. Le premier article qui ouvre la voie à leurs solutions date de 1937[4]. Son auteur, Ronald Coase, remettra le couvert en 1960, avec un nouveau “paper”[5] qui lui vaudra le Nobel d’économie trente et un ans plus tard, en 1991 ! Le “théorème de Coase” inspirera toute une série de mesures, notamment les quotas d’émissions de carbone prévus par le protocole de Kyoto (1997). Varian montre bien dans quelles conditions ce théorème est valable. Au centre ces questions, en fait, et c’est ce qui excite tant nos neo-marxistes, rifkin et compagnie, est la remise en cause de la propriete individuelle comme fondement de la societe, et donc de l’economie – un bien collectif ne pouvant etre dans leur esprit qu’un bien collectivise. Il est vrai que la propriete d’une voiture particuliere va perdre beaucoup de son interet avec l’apparition de la bagnole automatique, mais ce n’est pas ça qui peut remettre en cause le droit de propriete dans ses fondements. Le jour ou j’ai pu monter sur un velib’, j’ai abandonne mon velo, qui du reste m’avait ete vole bien que solidement cadenasse a un lampadaire !

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Commentaires
Maaaartin Duclos
  • On a tous une vie, la mienne est un peu chiante. Informaticien en open space, j'ai forcément une vie de chiotte. Donc je m'exprime sur ma vie de super héros qui se vie la nuit ou en week-end, voir en vacances. Mais ne ratez pas un épisode car elle alors...
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